En 2023, 60% des copropriétaires n’envisagent aucun travaux de rénovation énergétique. Ce chiffre est en hausse de sept points par rapport à 2021, alors même que les prix de l’énergie flambent et que les passoires thermiques sont progressivement interdites à la location. Le coût des travaux est le principal frein. A Bercy, la réponse pourrait passer par une nouvelle offre de prêt.

Des travaux de rénovation trop chers pour les copropriétaires

Le coût des travaux d’une rénovation énergétique reste le principal frein pour les copropriétaires français. Dans une étude parue en début d’année 2023 et réalisée par l’entreprise Hellio, spécialisée dans les économies d’énergie, 80% des copropriétaires interrogés placent la question financière en tête de leurs préoccupations. Le coût des travaux se positionne largement devant les lourdeurs, d’une part de la prise de décision, d’autre part des démarches administratives.

Seuls 48% des copropriétaires seraient, toujours selon cette étude, prêts à débourser entre 1000 et 5000€ pour de la rénovation énergétique. Ce taux chute à 5% lorsque l’enveloppe financière envisagée dépasse les 10 000€. Or dans le même temps, la rénovation énergétique des copropriétés implique prioritairement les travaux les plus onéreux, à savoir l’isolation des murs par l’extérieur et de la toiture.

En 2021, hors contexte actuel de l’inflation donc (10% à 15% pour des travaux dans le bâtiment), l’Observatoire national de la rénovation énergétique avait chiffré le prix médian d’une isolation par l’extérieur à 142€ par mètre carré (entre 43€ et 238€) quand celui d’une isolation par l’intérieur est de 55€ du mètre carré.

Un nouveau prêt dans les tuyaux du ministère de l’Économie

Mi-juin, le cabinet de Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé un arrêté « visant à réviser la manière de déterminer quel taux plafond les banques peuvent appliquer à un prêt collectif consenti à une copropriété en vue de travaux de rénovation ». Concrètement, et après discussions entre l’État et le secteur bancaire, l’objectif de Bercy est de stimuler l’offre de prêts et d’encourager la souscription de crédits par les copropriétés.

Comment ? En réduisant l’impact du taux d’usure, c’est-à-dire le taux maximum auquel il est possible d’emprunter. À l’heure actuelle, et dans le cadre de prêts immobiliers, les copropriétés, par le biais de leurs syndics, ne peuvent pas contracter un crédit d’une durée de moins de 10 ans dès lors que le taux d’intérêt dépasse un certain seuil – il était de 3,99% en juin.

Le tour de « passe-passe » envisagé par le gouvernement consiste à faire en sorte que les banques considèrent ce type de prêt pour la rénovation énergétique comme un crédit à la consommation, jusqu’à 75 000€ par ménage. Le taux d’usure étant plus élevé, Bercy parie sur une hausse des prêts aux copropriétés.

Notons cependant que l’arrêté annoncé mi-juin n’était pas encore paru au 20 juillet. C’est donc le statuquo pour les copropriétés.

Emprunts bancaires et aides à la rénovation des copropriétés

Quelle est la situation actuelle pour les copropriétés qui souhaitent procéder à des travaux de rénovation énergétique ?

Elles peuvent tout d’abord faire un emprunt bancaire collectif, soit pour effectivement financer des travaux, soit pour préfinancer des subventions publiques. Le crédit est souscrit par le syndicat de copropriétaires après un vote en assemblée générale, à l’unanimité. La majorité simple est requise lorsqu’il s’agit de préfinancement (dans ce cas, les travaux ont déjà été votés) ou lorsque seulement une partie des copropriétaires souscrit à l’emprunt et bénéficie des travaux. Ce qui est somme toute très rare dans le cadre d’une rénovation énergétique.

Il existe également un éco-prêt à taux zéro copropriétés (éco-PTZ), dont le montant, jusqu’à 30 000€ par logement, dépend des objectifs de performance énergétique globale issus des travaux.

Et lorsque l’on parle de préfinancement, il s’agit principalement du dispositif  MaPrimeRenov’ Copropriétés. Cette aide unique est versée au syndic sous condition que les travaux de rénovation permettent au minimum 35% de gain énergétique. Elle concerne les immeubles inscrits au Registre national des copropriétés et qui abritent au moins 75% d’habitations principales.

MaPrimeRenov’ Copropriétés prend en charge 25% du montant des travaux, dans la limite de 3 750€ par logement et desquels on enlèvera 180€ HT d’Assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) obligatoire.

Des soutiens financiers supplémentaires peuvent être accordés aux copropriétés (500€ de bonus « sortie de passoire » par exemple), ainsi qu’aux propriétaires modestes, sous forme d’aides individuelles. En quartier dit de renouvellement urbain (NPNRU 2014-2024), les copropriétés bénéficient d’une aide complémentaire.

Ces aides et facilitations d’accès à l’emprunt suffiront-elles à convaincre des copropriétaires de se lancer dans la rénovation énergétique des bâtiments ? Ou faudra-t-il de nouvelles mesures incitatives ? L’avenir nous le dira …

Votre copropriété projette des travaux de rénovation énergétique ? La Régie Immobilière Fiducia – R.I.F. vous accompagne dans vos démarches à Lyon comme à Bourgoin-Jallieu.

La récente visite d’Emmanuel Macron à Marseille a remis le focus sur les grandes copropriétés dégradées. Ascenseurs en panne, logements insalubres, façades craquelées… Face à la situation, le président de la République a annoncé une opération de requalification d’intérêt national pour des copropriétés privées et un futur projet de loi sur l’habitat indigne. Mais en attendant, quelle est la situation en France ?

Copropriétés fragiles ou dégradées, de quoi parle-t-on exactement ?

La dégradation de certaines copropriétés privées n’est certainement pas un phénomène nouveau. Elles sont 110 000 en France, soit 18% du parc, à être qualifiées de « fragiles » par le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires. Lancé en 2019, le Plan Initiatives Copropriétés a permis jusqu’à présent la rénovation de plus de 56 000 logements. Il ne semble pourtant pas à la hauteur des enjeux.

Une copropriété est considérée comme fragile lorsque ses ressources financières ne lui permettent pas de maintenir un immeuble en bon état ou/et lorsque les charges de copropriété deviennent excessives et trop lourdes à porter. Certains immeubles peuvent également être victimes de malveillances de la part de propriétaires peu scrupuleux et peu enclins à prendre soin de leurs biens, quand ils n’ont pas tout bonnement disparu dans la nature. Le futur projet de loi devrait tout particulièrement cibler « les mauvais payeurs et les marchands de sommeil », selon les mots d’Emmanuel Macron, en rendant plus facile l’expropriation.

Des immeubles glissent ainsi inexorablement vers la dégradation, jusqu’à parfois provoquer des drames humains. L’incendie de Vaulx-en-Velin, qui a coûté la vie à 10 personnes dont 4 enfants en décembre 2022, en est une terrible illustration : la copropriété dégradée de 7 étages était squattée en rez-de-chaussée, d’où est parti le feu. Sans en arriver à cette extrémité, les copropriétés dégradées sont synonymes de multiples soucis du quotidien pour leurs occupants, souvent des locataires.

Comment la puissance publique peut intervenir dans des copropriétés privées

Le terme de grandes copropriétés dégradées s’applique ici à des copropriétés privées, aux lots détenus par différents propriétaires. Ces derniers ont la charge de l’administration et de la conservation de leur immeuble, via leur syndic de copropriété. Leur fonctionnement est régi par la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965.

L’État a cependant plusieurs moyens d’intervention sur ces copropriétés privées, lorsque les conditions de vie des habitants deviennent très difficiles, parfois impossibles. Des dispositifs ont notamment été mis en place par la loi Alur de 2014, et la loi Élan de 2018.

Dès lors que la dégradation d’une copropriété « peut mettre en danger la sécurité ou la santé de ses occupants et riverains », les pouvoirs publics ont la possibilité de prescrire les mesures nécessaires pour faire cesser une situation d’habitat insalubre ou dangereux, par arrêté ou injonction. Ils peuvent également demander en justice la nomination d’un administrateur provisoire, si le syndic est défaillant ou s’il y a une vacance. Il s’agit en quelque sorte d’une mise sous tutelle de la copropriété. Sur les questions financières, un mandataire ad hoc peut enfin être nommé via une procédure d’alerte et dès les premiers signes de dégradation.

Restauration des copropriétés : qu’est-ce que le dispositif ORCoD ?

Prendre la main sur une copropriété dégradée ne suffit pas pour la rénover. Encore faut-il qu’elle entre dans le cadre d’un projet de requalification, au pire d’accompagnement à sa disparition. Les OPAH – opérations programmées d’amélioration de l’habitat – font partie des plans de sauvegarde susceptibles d’être mis en œuvre. Elles restent toutefois complexes à déployer, impliquant un partenariat entre les pouvoirs publics, ici les collectivités locales, et les copropriétaires privés.

La loi Alur a instauré les dispositifs ORCoD (opération de requalification des copropriétés dégradées) et ORCoD-IN pour Intérêt National. Quatre ans plus tard, la loi Élan en a simplifié les procédures.

L’opération de requalification est mise en place par l’État, les collectivités territoriales ou leur groupement foncier, dans le cadre d’un projet de politique locale de l’habitat. L’ORCod intègre un ensemble d’outils, dont :

– la mobilisation d’outils coercitifs de lutte contre l’habitat indigne,

– le plan de relogement et d’accompagnement social des occupants,

– un dispositif d’intervention immobilière et foncière pour des actions d’acquisition et de portages de lots,

– un droit de préemption renforcé.

La copropriété, si tant est qu’elle puisse être sauvée, fait alors l’objet d’une requalification globale, qui inclut la réhabilitation du bâti, l’acquisition temporaire de logements et l’assainissement de la gestion.

Avant d’en arriver là, les copropriétés dégradées ou en alerte ont la possibilité de demander la mise en place d’un plan de sauvegarde au préfet, afin de résoudre des difficultés sociales, techniques et/ou financières. Mis en place en 2019, le registre national des copropriétés aide à repérer celles qui sont en voie de fragilisation.

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à demander conseil à la Régie Immobilière Fiducia – R.I.F. Nos experts de l’immobilier, à Lyon comme à Bourgoin-Jallieu, sont à vos côtés pour échanger avec vous et vous apporter des éclairages utiles.